Promulguer une loi sur l’investissement c’est bien. L’accompagner rapidement de textes d’application afin qu’elle soit effective c’est encore mieux. C’est dans ce sens qu’a plaidé le patron de la CAPC, appelant à former un «front uni» autour du «renouveau économique», avant de saluer la décision de réviser l’Accord d’association Algérie-Union européenne et d’annoncer l’exploration de nouveaux marchés à l’export ainsi que la programmation de rencontres avec des opérateurs européens et africains. Les actions menées par les pouvoirs publics ont également été au menu de la conférence de presse qu’il a donnée hier à Alger.
La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) aborde la rentrée sociale avec «optimisme car «on relance l’activité économique avec un cadre réglementaire et des messages positifs» dont les chefs d’entreprise avaient «besoin». Cet optimisme doit, cependant, être «préservé de toute incertitude qui, majoritairement et régulièrement, est alimentée par le manque de visibilité sur le plan réglementaire».
C’est ainsi que s’est exprimé le président de la CAPC, Mohamed Sami Agli, lors d’une rencontre avec la presse, au cours de laquelle il a affirmé que les opérateurs, s’ils font le constat d’une évolution sur le plan réglementaire, attendent néanmoins les textes d’application car «il ne faudrait pas que cet élan d’optimisme soit cassé». C’est pourquoi il a appelé à «l’accélération de la promulgation de tout texte réglementaire», ce qui est «une priorité», a-t-il dit.
Il a tenu à noter que plusieurs propositions qui ont été faites par les opérateurs économiques ont été prises en considération et sont contenues dans la nouvelle loi sur l’investissement. Ce qui prouve que «la CAPC, reçue deux fois par le Président, est une vraie force de réflexion et de propositions. Mais plus important encore, il faudrait que cette loi puisse être mise en œuvre par l’adoption et la promulgation des textes d’application, ces derniers étant le véritable moteur de la loi», a-t-il souligné.
Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que la loi sur l’investissement de 2016, qui était plus ou moins équilibrée, est restée lettre morte en raison de l’absence de textes d’application. M. Agli a salué que deux des principales instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, étaient «la stabilité des textes sur une période d’au moins dix ans», ainsi que «l’accompagnement de toute loi de l’ensemble de ses textes d’application». Il estime que ce sont des mesures «très importantes» qui répondent aux doléances des opérateurs économiques notamment en matière de lutte contre «l’instabilité réglementaire» qui décourage tout investisseur.
Le foncier industriel est un autre souci soulevé par la CAPC qui espère l’entrée en activité de la nouvelle Agence nationale du foncier industriel (ANFI).
La Confédération du patronat s’est félicitée des mesures prises en matière d’investissement conformément aux orientations du Chef de l’Etat, estimant qu’elles représentent «un gage de transparence et de crédibilité» et «instaurent des mécanismes efficaces contre la bureaucratie et les lenteurs administratives dans le traitement des dossiers et des outils de visibilité et d’évaluation pour une meilleure orientation de la stratégie économique de l’Etat et des investisseurs».
Tout en estimant que l’économie algérienne a prouvé sa résilience ces dernières années, surtout pendant la période Covid, le patron de la CAPC soutient qu’elle ne devrait pas être fragilisée par une quelconque inertie dans les prises de décisions ou une quelconque bureaucratie. «C’est notre combat à tous. Nous devons réussir collectivement, c’est une obligation et non un choix. Nous considérons que nous sommes et restons une seule et unique famille avec les pouvoirs publics, les chefs d’entreprise et le patronat. Nous avons la responsabilité d’aligner nos visions. C’est plus que jamais indispensable avec tous les enjeux pour l’Algérie», a déclaré M. Agli. «Nous faisons face à de nombreux défis, dont principalement les différentes crises mondiales, comme le conflit russo-ukrainien et son impact, outre la Covid et tout ce qu’elle a engendré comme changement… Tout cela nous pousse à nous préserver dans le cas où nous devrions affronter d’autres crises», a-t-il souligné.
Le président de la CAPC est revenu sur les nombreux défis qui attendent l’Algérie et qu’elle se doit de relever afin que le pays puisse «jouer un rôle important dans la nouvelle configuration des chaînes de valeur apparues après les crises, notamment dans les questions de co-localisation et de co-production». Ainsi, «nous devons réellement tirer leçon de ce que l’on a vécu et, surtout, être acteur et non spectateur des changements et reconfiguration», a-t-il ajouté.
L’autre défi a trait à «l’attractivité et la compétitivité de l’économie algérienne» qui a, selon M. Agli, des points forts à mettre en avant, à l’instar de la proximité des marchés européens, le positionnement géographique comme étant la porte de l’Afrique, le coût de l’énergie et celui de la main d’œuvre. Ce sont autant de points qui peuvent être «une vraie locomotive de ce renouveau économique, sans oublier les défis de l’énergie et du climat».
Pour le conférencier, ces défis imposent de prendre les bonnes décisions et d’être alignés avec ce qui se fait de mieux dans le monde. Ils imposent donc de «nous interroger sur notre devenir économique et cela suppose l’implication des acteurs économiques, de l’administration…, du citoyen tout simplement. Nous avons tous une grande responsabilité et un rôle à jouer de manière collective. Nous devons être un front uni et nous mobiliser derrière le cap tracé par le président de la République : le cap du renouveau économique.
J’estime que ce n’est pas un choix mais une obligation. C’est notre responsabilité à tous». Il poursuit sur la même lancée, affirmant que ceci «mérite une mobilisation sans précédent de toutes les énergies, cela d’autant que dans tous les pays du monde et dans tous les pays développés, on assiste à la notion de protectionnisme et de nationalisme économique qui sont devenus une question centrale. Nous devons tirer leçon des meilleures pratiques».
En matière de bonnes pratiques, la prévention et la lutte contre la corruption sont parmi les priorités, car c’est «un paramètre fondamental dans la construction d’un Etat de droit et un pays fort par ses institutions et son économie». Aussi, cette lutte prouve, selon la CAPC, la volonté des pouvoirs publics de renforcer la bonne gouvernance, cela d’autant que «les expériences vécues nous ont enseigné que la corruption favorise la concurrence déloyale, fragilisant ainsi l’Etat, ses institutions et son économie».
Sur un autre volet, celui des activités au programme cette année, la CAPC compte poursuivre avec la même intensité que durant ces derniers mois. De nombreuses rencontres sont inscrites dans l’agenda de la Confédération notamment avec des opérateurs européens et africains.
Sami Agli a évoqué, dans ce cadre, une rencontre dans les prochaines semaines entre une délégation de la CAPC et celle de la Confindustria Italia, de même qu’il a parlé de la redynamisation des relations avec les partenaires français du Medef. D’autres rencontres sont programmées avec les opérateurs de Mauritanie, de Côte d’Ivoire, et bien d’autres pays qui offrent des opportunités d’investissement et d’exportation dans plusieurs secteurs.