Alors que la question de la disponibilité de certains médicaments fait régulièrement la une de l’actualité, à tel point que le Président A. Tebboune avait instruit, en avril dernier, l’Inspection générale de la Présidence de la République d’enquêter sur les raisons de la pénurie de certains médicaments, le Directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) Ali Aoun, se veut de son côté rassurant sur la capacité du secteur de la santé à maîtriser la chaîne d’apprivoisement, affirmant en ce sens, dans un court entretien publié le 9 juin sur internet (facebook) par le journaliste Ahcène Chemache, que la problématique devrait être réglée «à la fin du mois de juin ou au début du mois de juillet».
En effet, responsable qui réfute le terme de pénurie, « je parlerais de rupture et non de pénurie», la différence pour Ali Aoun réside en substance dans la capacité des autorités, et de la PCH, à trouver des alternatives et à maîtriser les délais : «Il y a des ruptures concernant certains produits, mais elles sont prises en charge dans le cadre de l’exploitation de l’appel d’offres (…) Les choses vont entrer dans l’ordre au plus tard à la fin juin ou au début du mois de juillet».
Quant au volume de ces « ruptures de stocks», les avis divergent, certains professionnels évoquent le manque de près d’une trentaine de molécules, alors que d’autres parlent au contraire de pénurie de médicaments à certains dosages précis.
En ce sens, Ali Aoun demande en substance aux professionnels de la santé de rationaliser les prescriptions en attendant l’arrivée des commandes : «Les directeurs de structure doivent aider pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de rupture au niveau local et que les besoins soient bien maîtrisés au niveau de leurs structures (…) Nous demandons aux professeurs chefs de service de nous venir en aide, de nous conseiller et surtout de ne pas lancer la pierre sur la PCH. »
Quant au délai de près de 30 jours encore nécessaire avant la livraison des produits commandés par la PCH, dans le cadre de ses appels d’offres, Ali Aoun explique dans les grandes lignes que les stocks encore disponibles seront suffisants dans une certaine mesure: «Pour les produits en rupture, nous avons des stocks qui peuvent couvrir (selon les cas) entre 10, 15 et 30 jours d’utilisation, en attendant l’arrivée des produits dans le cadre de l’appel d’offres. »
Le responsable de la PCH, ajoute, toutefois, que les commandes ne concernent que les produits reconnus par la nomenclature du secteur de la santé : «J’ai déjà fait appel aux professeurs, les invitants à ne pas faire pression sur la PCH au sujet des médicaments et molécules non enregistrées (…) Nous travaillons sur une liste officielle éditée par les ministères de la Santé et de l’industrie pharmaceutique.
Cette liste est pour nous le seul outil de travail pour l’importation des médicaments. » Et dans cette logique, il apparaît que les démarches pour l’enregistrement de nouveaux médicaments sont, selon Ali Aoun, de la responsabilité des représentants des laboratoires : « S’il y a des molécules innovantes, il faut que les personnes qui font la publicité pour les laboratoires qui les produisirent s’efforcent d’aller les faire enregistrer au niveau des ministères concernés. »
Pour rappel, le Président Tebboune avait fait savoir, lors d’une entrevue avec des représentants de la presse nationale, diffusée en avril dernier sur les chaînes de la Télévision et de la Radio nationales, que 37 inspecteurs de la Présidence de la République ont été mobilisés pour mener une enquête sur la question de la disponibilité du médicament.
Le chef de l’Etat qualifiant alors ces perturbations d’ « anormales» et ne pouvant être expliquées par une question de moyens : «L’Inspection générale de la présidence de la République est en train d’enquêter sur les raisons de ces pénuries qui ne devraient pas exister. » Le Président ajoute plus loin, « des instructions ont déjà été données pour l’importation dans l’immédiat de médicaments en rupture de stocks pour contrecarrer les lobbies du médicaments » .
Et dans cette logique, il est également à souligner que l’inspectrice générale du ministère de l’Industrie pharmaceutique, Mme Ouiza Adjadj, avait annoncé, en mai dernier, le lancement imminent d’appels d’offres pour la fourniture de médicaments anticancéreux destinés aux hôpitaux, ainsi que certains médicaments utilisés contre les maladies respiratoires.