La finance digitale. Voilà un concept très en vogue ces derniers temps et dont on parle souvent, sans toutefois en maîtriser le sens, en connaître le fonctionnement, les exigences et surtout les avantages.

Une finance qui se présente pourtant comme un moyen incontournable à l’ère du tout digital pour une inclusion financière visant à capter l’épargne hors circuit bancaire via la monnaie électronique.

Hakima Kamel, journaliste spécialisée des dossiers économiques de la Radio chaîne 3, tente de démystifier le concept en faisant intervenir M. Rachid Sekkak, ancien secrétaire général du Conseil de la monnaie et du crédit, ancien directeur de la dette extérieure, ayant assuré plusieurs fonctions de directions dans des banques internationales, également ancien directeur de HSBC Algérie et, actuellement, formateur retraité.

A la première question, somme toute basique, de savoir qu’est-ce que la finance digitale, M. Sekkak explique simplement qu’il s’agit de l’accès instantané à l’information financière partout dans le monde par l’utilisation d’un ensemble de services (transfert d’argent, épargne, crédit et assurance) à l’aide de technologie numérique mobile sur smartphones ou tablettes.

M. Sekkak précise que cela « existe déjà en Algérie, mais se trouve encore à l’état embryonnaire ». Il ajoute que c’est là « un moyen intéressant d’inclure financièrement une partie non négligeable de la population, celle qui n’est pas encore bancarisée pour diverses raisons : réseau bancaire inadapté, exigences administratives pour l’ouverture d’un compte, etc.) et qui font que toute une partie de la population ne dispose, ni d’un compte postal (CCP), ni d’un compte bancaire.

En revanche, cette même population dispose d’un smartphone, et dans une moindre mesure, d’une tablette. Ce qui va lui permettre de réaliser diverses opérations financières via ces objets connectés. Il s’agit du mouvement de la monnaie électronique.

Quelque 6500 milliards de dinars à capter

Au regard des importantes sommes d’argent qui circulent hors circuit bancaire, cela devient simplement «une préoccupation nationale ». L’invité de la Radio évoque le chiffre de « 6 500 milliards de dinars », soit « le tiers de la masse monétaire », dit-il.

A propos des chiffres relatifs au taux de non bancarisation de la population algérienne, M. Sekkak souligne qu’il « faut être prudent (…) Tout le monde en parle, mais personne n’a fait une étude sérieuse allant dans les détails » en insistant sur le fait que « la monnaie électronique peut être un tremplin vers l’inclusion financière via la digitalisation des services financiers ».

En revanche, nous disposons des chiffres relatifs à la population bancarisée. « Il existe en Algérie 10,8 millions de comptes bancaires pour 1 400 guichets (bancaires), près de 3 millions de comptes bancaires en devises, 24 millions de comptes CCP pour 4 500 guichets ».

Les atouts de l’Algérie pour une inclusion financière

L’Algérie dispose cependant de plusieurs atouts lui permettant facilement cette inclusion : « le taux de pénétration par internet est très élevé puisqu’on compte 35 millions d’abonnés à internet mobile, et à 3,5 millions d’abonnés à internet fixe ». Cette « très forte pénétration des smartphones également peut servir de socle aux services financiers », explique M. Sekkak.

Autre atout et pas des moindre, « celui de disposer d’un numéro d’identification unique national », celui porté à la fois sur la carte d’identité nationale, le passeport et l’extrait de naissance original dit le S12, « ce qui est un pas considérable et qui n’existe quasiment pas en Afrique (…)Dans d’autres pays, on exige un numéro de la sécurité sociale, et donc il faut avoir déjà travaillé ce qui n’est pas le cas de tout le monde », explique l’invité de la Radio.

Quant aux avantages du recours à cette finance digitale, l’ex-DG de la HSBC Algérie les résume par « l’accessibilité, en instantané, à de nombreux services de paiement financiers, sans avoir recours à un compte bancaire »