La guerre en Ukraine, qui a fait flamber les prix du blé, a relancé le débat sur les risques pour sa sécurité alimentaire, de la dépendance de l’Algérie aux importations de céréales.

Pour réduire cette dangereuse dépendance, l’Algérie a pris des mesures pour augmenter sa production de céréales, en misant notamment sur l’agriculture saharienne, mais aussi en renforçant les moyens de collecte des blés produits localement et en luttant contre la contrebande de ce produit de large consommation.

Pour l’année 2022, un plan spécial de collecte des céréales a été déployé et les prix du blé et de l’orge ont été revus à la hausse pour inciter les agriculteurs à produire davantage et à vendre leurs récoltes à l’Etat.

Mais ces mesures ne sont pas suffisantes. Dans la Loi de finances complémentaire (LFC) 2022, le gouvernement a décidé d’aller plus loin, en proposant d’imposer aux céréaliers de vendre leurs récoltes à l’Office algérien des céréales (OAIC), monopole public des importations des blés et de l’orge.

 « Tout agriculteur pratiquant la céréaliculture bénéficiant du soutien de l’Etat, tant en amont qu’en aval, et quelle qu’en soit sa forme ou sa nature, est tenu par l’obligation de céder sa production des blés et orges à l’Office algérien interprofessionnel des céréales », dispose l’article 30 du projet de Loi de finances complémentaire pour 2022 qui a été adopté récemment en Conseil des ministres.

Dans l’exposé des motifs, les auteurs de cette proposition expliquent que le « marché mondial des céréales a connu ces dernières années beaucoup de perturbations qui se sont traduites par une baisse significative de l’offre, avec pour effet la fluctuation à la hausse des prix ainsi que le taux d’inflation et l’augmentation des prix des intrants avec pour effet une hausse marquée des coûts de production des céréales impliquant une diminution significative des revenus des producteurs.  » 

La moitié des céréales produites échappent à l’OAIC

Ils ajoutent qu’au « plan de la production et malgré ces fluctuations, les performances n’ont pas cessé de croître démontrant ainsi des capacités potentielles de production et des réserves de productivité existantes pour améliorer la production, réduire la dépendance de notre pays vis-à-vis de l’extérieur et permettre le renforcement de notre sécurité alimentaire en matière de céréales. » 

Toutefois, poursuivent-ils, et  « malgré tous ces efforts consentis par l’Etat en matière d’encadrement technique et économique, les niveaux de collecte au niveau national demeurent toujours faibles, lesquels ne dépassent pas les 50% pour toutes espèces confondues et ce, en raison de l’absence d’une mesure obligeant les agriculteurs à livrer leur production à l’OAIC.  » 

En avril dernier, une mesure a été prise par le Premier ministre pour obliger les agriculteurs à vendre leurs récoltes à l’OAIC, mais son application n’a pas, semble-t-il, changé la donne sur le terrain, puisque la moitié des céréales produites en Algérie n’est pas vendue à l’Etat.

Pour donner un cadre législatif à cette obligation, le gouvernement propose « l’institution d’une mesure législative permettant la mise en place d’un dispositif obligeant les céréaliculteurs bénéficiant du soutien de l’Etat de céder l’intégralité de leur production des blés et orges à l’OAIC et qui fera l’objet d’examen dans le cadre de la préparation de la prochaine loi de finances. »