L’Industrie pharmaceutique est considérée comme secteur prioritaire dans le projet de loi sur l’investissement, actuellement au cours d’examen à la chambre basse du Parlement. 

Le caractère « prioritaire » est dicté par l’impératif de protéger le système de santé des impondérables sanitaires, des fluctuations du marché international des produits pharmaceutiques, des lobbies des multinationales et des grandes dépenses induites par les importations. Naturellement, un département ministériel à part entière a pris la tutelle sur « ce secteur » stratégique, en juin 2020. 

La création du ministère de l’Industrie pharmaceutique a coïncidé avec l’émergence de la crise de la Covid-19. Les effets dramatiques de l’épidémie virale sur des systèmes de santé que l’on croyait solides, notamment en Espagne, en Italie, en France et aux Etats-Unis, ont plaidé en faveur de politiques protectionnistes. Des stratégies proactives, qui protégeraient le pays contre la dépendances des facteurs exogènes, tels que, dans ce cas-là, fermeture des frontières ; interdiction d’exportation des produits pharmaceutiques vers les pays non producteurs ; flambée des prix des matières premières sur le marché international ; majoration des coûts des transports et de la logistique… Dans cette optique, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a été créé avec un double objectif : relever le niveau de la production nationale dans ce segment d’activité à 70% pour consolider la souveraineté sanitaire et réduire les dépenses d’un secteur qui grève sérieusement le budget de l’Etat.

En moins de deux ans, du chemin a été parcouru dans la concrétisation du plan de charge. Le taux de la production locale est passé de 52 à 70% en valeur. Un des engagements consignés dans le programme présidentiel est ainsi atteint, grâce aussi à l’opérationnalisation de l’Agence Nationale des Produits Pharmaceutiques et une régulation optimale des activités pharmaceutiques. 

Il a fallu, en amont, mettre en place un cadre juridique étoffé pour réguler une activité multidimensionnelle et pluridisciplinaire. En la matière, le département dirigé par Dr Lotfi Benbahmed a été particulièrement prolifique. Plus de 60 Décrets exécutifs et arrêtés et une Loi ordonnance ont été promulgués en moins de 24 moins, afin « d’as soir une nouvelle politique pharmaceutique et industrielle cohérente sur les plans économique et règlementaire ». 

Les programmes d’importation, la production, l’enregistrement, les circuits de distribution, les stocks de médicaments… tout est contrôlé.

Les réalisations du secteur se traduisent en chiffre comme suit : augmentation de la production des médicaments d’un milliard de dollars en 2021 par rapport à 2019 (2,1 milliard $ en 2019, 2,4 milliard de $ en 2020, 3,1 Milliard de $ 2021). En parallèle, la réduction de la facture d’importation des médicaments en 2021 est évaluée à 800 million de dollars par rapport à 2019 (2 milliard de dollars en 2019, 1,7 milliard de dollars en 2020 et 1,2 milliard en 2021). 

L’importation est désormais circonscrite aux traitements essentiels, qui ne sont pas produits in-situ, soit 205 DCI destinées aux pharmacies d’officine et 500 produits hospitaliers. Une négociation des prix des médicaments vitaux déjà enregistrés a induit aussi des économies substantielles. A titre d’exemple, une baisse de 20% du prix des Insulines importées économise à l’Etat 10 milliards de dinar, chaque année. 

Le comité économique intersectoriel, installé en janvier 2021, a hiérarchisé l’enregistrement de médicaments suivant des critères précis. Il est prévu, à ce titre, de compresser une dépense de 50 millions de dollars annuellement, par l’entremise du transfert de 38 molécules biosimilaires et génériques de la case des produits importés à celle des produits fabriqués localement. L’exportation, un axe prioritaire Pour l’année 2022, le département de l’Industrie pharmaceutique mise sur l’exportation de produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques ainsi que des équipements, fabriqués en Algérie, pour une valeur de 50 millions d’euros. 

Le Salon Djazair Health, organisé au mois de mai à Dakar (Sénégal), a constitué, aux 70 opérateurs dans le pharma qui y ont participé, une belle opportunité de pénétrer le marché de l’Afrique de l’ouest, et même au-delà. Six producteurs ont signé des contrats lors de l’évènement. 

La sous-direction pour la promotion des exportations, rattachée à la direction de la production et du développement industriel, cristallise les liens entre la production, l’investissement et l’export. En appoint, des établissements pharmaceutiques dédiés à l’export ont été créés ; un cadre juridique mis en place et des mesures incitatives engagées, dont la simplification des procédures d’enregistrement des médicaments destinés à l’exportation ; la comptabilisation de l’exportation dans le taux d’intégration et le calcul de la valeur ajoutée et la contrainte, posée aux opérateurs dans le secteur de « présenter un programme prévisionnel d’exportation de biens ou services en corrélation avec les programmes de production et d’importation »… La recherche, le nerf du pharma Le segment de la recherche et du développement prend une envergure particulière dans l’Industrie du médicament, en quête constante d’innovations thérapeutiques. 

Des innovations fructueuses pour ceux qui les développent, coûteuses pour ceux qui les acquièrent avant alors qu’elles ont encore protégées par les brevets. L’économie de la connaissance est un concept considéré dans le plan du gouvernement et pris en charge par le département de l’Industrie pharmaceutique, qui a focalisé son attention sur des projets de recherche en biotechnologie et en technologies. 

A ce titre, il a signé une convention cadre avec le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et de nombreux accords avec des groupes pharmaceutiques publics et la Faculté de pharmacie d’Alger. En parallèle, un Centre de bioéquivalence, ouvert à Alger, bénéficie d’une assistance technique spécialisée des services du ministère de tutelle et de l’Agence nationale du médicament. « Cet organisme se chargera de compléter les modalités de mise en place d’un système de qualité, répondant aux exigences réglementaires nationales et internationales, pour lancer le premier champ expérimental dans le cadre du dossier d’accréditation, qui ouvrira la conduite d’études de bioéquivalence pour les médicaments Saidal, les producteurs locaux et les sociétés multinationales opérant en Algérie » explique-t-on au département dirigé par Dr. Lotfi Benbahmed. Il y a aussi le Centre de recherche en sciences pharmaceutiques (CRSP) de Constantine, dont les missions visent à « renforcer les potentialités de la recherche dans les différents aspects du médicament et des produits pharmaceutiques, ayant obtenu en 2021 son premier brevet sur l’optimisation d’une molécule utilisée dans la fertilité des femmes, délivré par l’Institut national algérien de la propriété industrielle (INAPI) ». 

La structure développe, en outre, des projets sur des produits à base de plantes médicinales et des compléments alimentaires.

Dans le sillage, les essais cliniques revêtent une importance capitale, dès lors que les patients, dont l’organisme ne répond pas aux traitements classiques, sont mis sous des schémas thérapeutiques innovants, aux frais des laboratoires pharmaceutiques. « Après consultation et en collaboration avec de tous les acteurs du domaine, un projet de décrets exécutifs relatifs aux études cliniques a été élaboré et transmis au Secrétariat Général du Gouvernement. 

Plusieurs axes ont été revus, notamment l’obligation de mener des études cliniques conformément aux recommandations de bonne pratique (RBP) et selon les modalités fixées par les services du ministère ». Pour l’exercice 2022, le ministère de l’Industrie pharmaceutique envisage de réaliser 100 études cliniques .