De nombreux médicaments essentiels importés et non fabriqués localement font l’objet de blocage suite aux retards dans l’obtention de l’autorisation délivrée par l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), instaurée par le ministère du Commerce portant sur l’importation de produits destinés à la revente en l’état. Cette autorisation est exigée au niveau des banques pour la domiciliation des opérations d’importation.

Certains médicaments sont actuellement en rupture, tels que la Ventoline, très fortement demandée par les asthmatiques alors que le produit est en attente de dédouanement. Il a fallu l’intervention des services du ministre de l’Industrie pharmaceutique au niveau du ministère du Commerce et des Douanes pour que le fameux document soit remis à l’opérateur pour engager la procédure d’importation.

Le produit ne sera vendu en pharmacie qu’une fois soumis au contrôle à l’agence nationale des produits pharmaceutique (ANPP), libéré, vigneté et remis aux grossistes.

Cette nouvelle mesure vient encore prolonger les délais d’approvisionnement des pharmacies alors que les stocks sont épuisés. «Cela fait un mois que nous attendons cette autorisation qui doit être délivrée pour chaque cargaison pour le même produit, après avoir présenté l’attestation de respect qui est aussi exigée par les services du ministère du Commerce», signale l’opérateur, qui explique que l’opération consiste à consulter la plateforme pour confirmer l’indisponibilité de ce produit sur le marché national (n’est pas fabriqué localement) et soumettre sa demande pour avoir le document après des semaines d’attente.

D’ailleurs, depuis la mise en vigueur de cette note du ministère du Commerce, les service d’Algex et des Douanes sont submergés de demandes et les dossiers s’accumulent de jour en jour, notamment pour les médicaments dont la régulation est assurée au préalable par le ministère de I’Industrie pharmaceutique, à travers les programmes d’importation et l’attestation de régulation.

Ce qui pourrait impacté sérieusement la disponibilité des médicaments, tels que les anticancéreux, l’hormone de croissance et autres spécialités. Cela inquiète d’ailleurs l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP).

Dans un courrier adressé le 19 mai au ministre de l’Industrie pharmaceutique, l’unop fait part «des difficultés croissantes qu’un grand nombre d’entreprises pharmaceutiques éprouvent pour obtenir l’indispensable autorisation des services d’Algex» et pouvoir domicilier leurs opérations d’importation auprès des guichets.

L’UNOP signale que depuis la promulgation de la note ABEF du 24 avril 2022, qui a instauré cette nouvelle procédure, la délivrance de ce document par l’Algex .

Et d’ajouter :

« L’UNOP s’inquiète également de le nature de cette mesure qui est «requise pour chaque opération de domiciliation, y compris pour le même produit pouvant être importé plusieurs fois durant la même année».

Et de rappeler que la demande exigée par le ministère du Commerce, portant la vérification que tout produit destiné à la revente en l’état n’est pas fabriqué localement, «est déjà assurée en amont par les services techniques du ministère de I’Industrie pharmaceutique et cela depuis de longues années déja. Il nous semble raisonnable que la procédure soit allégée pour le cas du médicament, sinon qu’une plus grande diligence soit apportée dans le traitement des demandes formulées à l’Algex par les entreprises pharmaceutiques».

L’Unop exhorte ainsi le ministre de I’Industrie pharmaceutique, le Dr Lotfi Benbahmed, à user de son pouvoir afin d’aider « nos entreprises à surmonter ce nouvel obstacle administratif dressé devant elles».

A noter que plus de 5000 dossiers d’expédition en attente de cette autorisation sont déposés au niveau d’Algex, selon une source proche du dossier.

Par ailleurs, l’activité des établissements financiers, notamment les banques, se trouve impactée par cette nouvelle mesure instaurée par le ministère du Commerce, regrettent des responsables des banques qui se disent «inquiets».