Le bleu de Shanghai, l’histoire de la tenue Chinoise devenue symbole de l’AIgérois.

225
Processed with MOLDIV

Quand on se promène dans les quartiers populaires du vieux Alger, un détail nous saute très vite aux yeux : les gens, les anciens surtout, y revêtent un costume bleu marine très caractéristique. Il s’agit du fameux bleu de

Shanghai (ou bleu de Marseille), tenue portée à l’origine par les dockers du port d’Alger, et devenue aujourd’hui symbole de redjla (virilité) et d’authenticité.

Ce vêtement confortable composé d’un pantalon, d’une veste, parfois coiffé d’un béret, est surtout plébiscité par les amateurs de la musique chaâbi. Les ténors du style, Mohamed El Badji, Amar Ezzahi et Dahmane El Herrachi, pour ne citer qu’eux, s’affîchaient souvent en bleu de Shanghai.

Comment donc une tenue de travail est-elle devenue un élément du patrimoine vestimentaire méditerranéen ?

Comment a-t-elle voyagé de Chine vers l’Algérie ? Quelle est son histoire?

L’origine du bleu de Shanghai

Selon toute vraisemblance, le bleu de Shanghai aurait été introduit en Algérie par des marins chinois pendant la période de l’Entre-deux-guerres (années 1920-40). En effet, les témoignages racontent que des commerçants originaires de Shanghai venaient à Alger y faire du troc.

En échange de produits locaux, ils offraient aux dockers du port d’Alger ce fameux vêtement bleu que ces derniers considéraient à l’époque comme un habit de luxe. Cette nouvelle mode a vite atteint les quais voisins de Cherchell et de Dellys.

Après la fin de la seconde Guerre mondiale, la salopette américaine remplace le bleu de Shanghai en tant que tenue de travail. Mais voilà que dans les années 1950, les usines de textile de Marseille se mettent à le fabriquer.

Ce fait marque la renaissance du bleu de Shanghai, désormais appelé bleu de Marseille. Et tous les habitants du bassin méditerranéen finissent par l’adopter.

Quelques conseils pratiques

Si vous désirez vous procurer un authentique bleu de Shanghai (fabriqué à Marseille !), vous devez vous rendre à « Djamaâ lihoud ». Un marché populaire situé près de la grande synagogue d’Alger, à Bab El Oued. Les prix du costume oscillent entre 5,000 et 10,000 DA.

Pour que votre nouveau bleu de Shanghai ne ternisse et perde son éclat, les anciens conseillent de le tremper toute une nuit dans un mélange d’eau et de vinaigre blanc ; et le matin, le laisser sécher à l’ombre. Il ne faut surtout pas le laver la première fois à la machine !