Le conflit armé russo-ukrainien a exacerbé de façon significative la question de la sécurité alimentaire. «L’Algérie a tout intérêt à se doter d’une véritable politique de sécurité alimentaire.
Le contexte géopolitique actuel montre que «l’arme alimentaire» est une menace brandie par les grandes puissances mondiales, qui ont bien compris que la souveraineté agricole devient un attribut qu’il faut maîtriser, a prévenu, hier, l’agroéconomiste Ali Daoudi, qui s’exprimait sur les ondes de la Radio nationale chaîne 3. La menace est réelle.
Les pays pauvres, les moins nantis, ceux dont les économies ont été fragilisées par la crise sanitaire le seront probablement davantage depuis que les armes ont parlé entre la Russie et l’Ukraine. Deux acteurs clés de l’alimentation mondiale, qui figurent parmi les plus grands producteurs mondiaux de céréales, de blé notamment, dont les cours ont flambé depuis qu’ils ont décidé d’en découdre.
Le prix de la tonne de blé a bondi de 280 euros à 410 euros en l’espace d’une semaine au début du mois de mars. L’invité de la Rédaction de la Radio nationale d’expression française, fait le point. «A partir de 2015, les prix se sont stabilisés autour de 150 dollars la tonne de blé, alors qu’aujourd’hui, ils sont à 380, voire 400 dollars la tonne. Cette hausse des prix a débuté en 2021, mais elle s’est accentuée et a connu une forte accélération à partir de février et mars de cette année», a indiqué l’enseignant chercheur à l’Ecole nationale supérieure d’agronomie.
Nul doute que la facture sera salée. Ali Daoudi qui exclut une pénurie en Algérie s’attend cependant à une hausse de la facture d’importation des céréales, mais le niveau actuel des prix du pétrole doit lui permettre de supporter aisément cette dépense substantielle. La guerre entre l’Ukraine et la Russie risque aussi de sérieusement perturber l’offre mondiale. Ce qui devrait déboucher inévitablement sur des pénuries. Quelles leçons doit-on en tirer? «D’abord, la fin définitive de la période d’abondance et de prix bas des produits agricoles sur le marché mondial» souligne l’ex-chercheur associé du Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) qui a appelé à «la création d’une Agence de sécurité alimentaire: un organe qui serait indépendant, qui ne subirait pas la pression des décisions à court terme et pourra accompagner les gouvernements successifs dans la mise en oeuvre d’une stratégie agricole à long terme».
Il faut rappeler, que selon des statistiques datant de 2017, l’Algérie doit importer plus de 8 millions de tonnes pour répondre aux besoins de sa population, ce qui la placerait au 3ème rang mondial des pays importateurs de céréales, derrière l’Egypte et l’Indonésie. Le volume de blé importé par l’Algérie devrait augmenter de 15,3% à 7,5 millions de tonnes durant la saison 2020-2021, indiquaient des prévisions pour le marché mondial céréalier du département de l’agriculture des Etats-Unis, publiées au mois de mai 2020. Où en est-on avec le conflit russo-ukrainien qui doit rendre plus rares et plus chers ces produits de consommation de base?
L’Oaic, en matière d’exécution du programme d’importation et de constitution du stock stratégique des céréales, a assuré, à la lumière de la crise survenue sur la scène internationale et la situation en Ukraine, la constitution d’un stock de céréales qui devrait suffire d’ici à août 2022, avait indiqué le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, lors d’une plénière consacrée aux questions orales des députés de l’APN sur le rôle de son département et des offices sous sa tutelle, dans la régulation du marché, en cas de hausse des prix ou de pénuries. L’Algérie est en principe parée à faire face à de potentielles pénuries…