Depuis près de quinze ans, le Dr Gilles Pagès, directeur de recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et son équipe tentent d’optimiser le traitement du cancer du rein, qui représente environ 3% des cancers diagnostiqués chaque année en France, d’après l’Institut national du cancer.
« Avant 2008, l’espérance de vie d’un patient était de trois mois. Petit à petit, on a réussi à atteindre une moyenne de trois ans. On a gagné des années et de la qualité de vie », indique le chercheur à nos collègues de 20 minutes . Il reçoit, ce vendredi, le prix du fonds Amgen France pour la Science et l’Humain, afin de poursuivre le développement d’un nouveau médicament permettant de renforcer l’arsenal thérapeutique et de « guérir », tant bien que mal, le cancer du rein.

Le cancer du rein, un cancer difficile à soigner

Plusieurs traitements sont actuellement disponibles, sans compter l’immunothérapie. « Il faut savoir que le cancer du rein est le cancer où il y a eu le plus de médicaments développés ces dernières années : en quinze ans, il y a eu quasiment un traitement approuvé par an pour cette maladie, relève le Dr Pagès. Et de poursuivre : « en réalité, il y a autant de tumeurs qu’il y a de patients» .

Pour cause ? La maladie est associée à de très nombreuses mutations. « Par exemple, la protéine VEGF, utilise l’hypoxie pour se développer. Elle fabrique alors des vaisseaux sanguins pour nourrir la tumeur cancéreuse en nutriments et en oxygène. »

Une nouvelle molécule pour soutenir les traitements existants

Après quinze années de recherche, le Dr Pagès et son équipe ont développé une molécule capable d’inhiber la croissance tumorale, qui doit permettre de créer un nouveau médicament.

Notre traitement, combiné à ceux qui existent déjà, permettra, on l’espère, de faire de cette maladie, une maladie curable. Mais rien que de pouvoir en faire une maladie chronique et permettre à des patients de vivre, c’est une immense fierté .

Une molécule «efficace pour d’autres maladies »

Les scientifiques ont découvert que cette molécule pouvait être efficace pour traiter d’autres maladies, notamment le mélanome uvéale, très agressif, qui se développe dans l’œil. « Les 30 % des patients qui échappent au traitement par radiothérapie pourraient vivre avec le médicament que nous avons créé. C’est aussi possible pour les cancers de la sphère ORL«, indique le Dr Pagès».

Quand sera-t-elle disponible ?

«On en est actuellement aux phases de toxicologies réglementaires, ce qui sera finalisé d’ici fin 2022, voire début 2023 », explique-t-il. Le premier essai clinique n’est attendu que courant 2023, après avis des autorités de santé de l’agence européenne des médicaments (EMA). « En fonction de sa validation, sans toxicité chez un patient, on passe en phase 2 avec plus de patients puis la phase 3 et l’essai en aveugle », conclut le Dr Pagès. Il faudra donc attendre quelque temps avant que le traitement ne soit disponible.