Le ministère de l’Industrie pharmaceutique Lotfi Benbahmed défend une nouvelle fois sa politique visant à assainir le secteur du médicament et revient à la charge dans le dossier de Novo Nordisk Algérie.

«Nous sommes à la fin de cette opération (…) Il fallait identifier les acteurs. Sinon, vous ne pourrez pas les contrôler et assurer la traçabilité des produits pharmaceutiques », a martelé le ministre du secteur, le Dr Lotfi Benbahmed, invité ce mardi de la Radio algérienne

Un travail qui commence à donner ses fruits, selon lui.« Nous avions 890 distributeurs agréés. Après assainissement et après avoir donné de nouveaux agréments en application du nouveau cahier de charges de la distribution, nous n’avons aujourd’hui que 286 grossistes. Nous avions près d’une centaine d’importateurs, aujourd’hui nous en avons 25.

Pour la fabrication, nous avons désormais près de 196 établissements dont 31 nouvelles unités de production durant les 6 derniers mois », a énuméré M.Benbahmed.

Pour lui, il était donc fondamental d’identifier chaque acteur de la chaîne des produits pharmaceutiques, qu’ils soient fabricants, distributeurs, importateurs, exploitants…. », tant pour les dispositifs médicaux que les produits pharmaceutiques.

Lotfi Benbahmed a pointé un défaut de traçabilité qui permettait un trafic de psychotropes, des phénomènes de spéculation » tout en soulignant que ses services ont mis en place les outils pour y faire face.

«Nous avons aujourd’hui des plateformes numériques sur lesquelles les opérateurs doivent impérativement communiquer et transmettre un certain nombre d’informations, non seulement les programmes, mais aussi les stocks hebdomadaires », a-t-il dévoilé.

Désormais « le ministère de l’Industrie pharmaceutique est en mesure de dire qui fait quoi », se félicite le ministre du secteur qui s’est montré très critique vis-à-vis des pratiques en vigueur jusque-là.

«Nous étions dans une situation où les agréments s’accumulaient mais il n’y avait pas de visibilité (…). A travers le nouveau décret portant statut des établissements pharmaceutiques, l’ensemble des établissements ont une année depuis fin février 2021 jusqu’à fin février 2022, pour se mettre à niveau et pouvoir ainsi être recensés », a expliqué le ministre.

Le chantage sur l’insuline

«Que les choses soient claires (…) Nous avons expliqué à l’ensemble des multinationales qu’il y avait des phénomènes de surfacturation, prix des matières premières, non-tenue des engagements, vente de produits beaucoup plus chers que chez les voisins…. Et surtout, il y avait des laboratoires qui depuis 23 ans n’avaient pas respecté leurs engagements en termes de production nationale », a indiqué le ministre prenant en exemple le laboratoire danois Novo Nordisk.

« Au lieu d’implémenter la nouvelle politique de l’Algérie, comme l’ont fait d’autres laboratoires », ce laboratoire a continué à essayer de créer une ambiance malsaine à travers la rétention des produits à l’instar de l’insuline », a accusé le Dr Benbahmed.

«Malgré qu’on a permis à ce laboratoire d’importer 3 millions de boites pour l’année 2022 (…) il n’en a importé jusqu’ici que quelques 400 000 boites. Il jouait sur une forme de chantage. Pourquoi ? Parce que d’un côté, on lui a demandé de baisser les prix de 20%, ce qui était déjà le cas dans de nombreux pays », a observé le ministre.

Il rappelle que l’insuline en stylo importée par ce laboratoire et d’autres, représente une facture autour de 400 millions de dollars par an pour l’Algérie.

«Ce laboratoire s’était engagé à produire ces insulines en Algérie. Il ne l’a pas fait. Saïdal s’est mise toute seule en 2006 à produire de l’insuline. Novo Nordisk s’est associé avec Saïdal et a par la suite bloqué l’unité de production de l’insuline et s’est projeté sur une nouvelle unité à Boufarik. Pour l’instant, il n’a fait que dans le montage de stylos et pas d’insuline », a encore révélé le ministre qui se montre déterminé à changer les règles du jeu.

«Ces laboratoires défendaient leurs intérêts, mais l’Algérie pas assez. On l’a vu à travers le phénomène de surfacturation, le non-respect des engagements par certains laboratoires. Aujourd’hui, nous défendons nos intérêts. Nous ne sommes pas et ne serons pas des comptoirs coloniaux où l’on déverse des produits finis à n’importe quel prix en exerçant des lobbyings », a asséné le Dr Benbahmed.

«L’Etat algérien est serein et déterminé à mettre en place une politique pharmaceutique basée sur la règle du gagnant-gagnant. Nous attendons que (les laboratoires) respectent leurs engagements », a martelé Benbahmed qui se dit ouvert à tout autre partenariat. «Nous refusons toute position monopolistique. Elles sont souvent contre-productives tant en termes de prix que de disponibilité ».